Interview (Nord Eclair)

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Rose étoffe sa palette de sons

Malgré des soucis personnels qui se sont soldés par un divorce, Rose passe sans encombre la délicate étape du second album. « Les souvenirs sous ma frange » s’extirpe des chausse-trappes de la redite et sonne plus pop.

Votre premier album s’est vendu à plus de 500 000 exemplaires. Comment avez-vous vécu cette ascension fulgurante ?

>> Je ne me suis pas du tout rendu compte de ce qui se passait. J’ai juste pris conscience à un moment donné que c’était un miracle par rapport à l’état actuel de l’industrie du disque. Cela fait un peu peur d’être propulsée d’un coup dans la cour des grands. Aujourd’hui, la situation du disque ne s’est pas arrangée et on ne peut pas prétendre refaire la même chose. De toute façon, j’aime bien partir pessimiste, on ne peut avoir après que de bonnes surprises.

Est-ce compliqué de devoir s’arranger avec une notoriété soudaine ?
>> Elle est très facile à gérer, en aucun cas dévastatrice. Les gens ne me reconnaissent pas vraiment ou n’osent pas venir. Ils sont assez discrets. Je pense qu’ils m’aiment surtout pour ma musique et je suis très fière de ça.

« Je ne voulais pas reproduire les mêmes erreurs »
Avez-vous ressenti une pression particulière à l’approche de ce deuxième opus ?
>> Je ne savais pas par où commencer. Les jours passaient et je n’écrivais rien. Et puis, il y a eu une vague assez fulgurante. En février et mars, j’ai écrit dix chansons.

Vous avez travaillé sur ce disque avec Jérôme Plasseraud et Thibaut Barbillon, membres du groupe 1973. Est-ce pour éviter l’écueil de la redite ?
>> Ce sont des amis très proches. Ils savaient comment réaliser chaque morceau. Naturellement, on a fait des préproductions, on est allé en studio ensemble. Je ne voulais pas reproduire les mêmes erreurs que sur le premier disque.

Lesquelles ?
>> Un son un peu trop lisse et retomber dans le côté folk-harmonica, la petite nana country avec ses bottes. J’avais vraiment envie d’enlever cette étiquette. Il y a ici des morceaux à l’ancienne, guitare-voix, comme J’ai 18 ans ou De ma fenêtre et des titres plus pop comme Comment c’était déjà ou Comme un marin .

Peut-on dire que le single « Yes we did » n’est pas représentatif de l’album ?
>> C’est vrai qu’il est assez différent de l’ensemble. Cette chanson est une transition entre les deux albums. Le premier était un instantané de vie qui tournait autour de la rupture et de l’attente. Celui-ci est plutôt une évolution depuis l’enfance. Yes we did est un bilan un peu ironique de 2008, j’y glisse mes échecs.

La plupart des chansons se veulent nostalgiques…
>> Totalement. Je n’ai pas voulu faire un album à thème ou concept, mais petit à petit je me suis aperçue que je ne parlais que du temps, de souvenirs, de ma famille. Je me raccrochais à des choses dont j’avais besoin à ce moment-là. Quand tout fout le camp, il y a une chose qui reste toujours : les amis et la famille.

Dans « Chez moi », vous dites que votre frère a vu Dieu. Êtes-vous aussi croyante ?
>> Pour la première fois de ma vie, j’ai regardé vers le ciel, je me suis surprise à prier quand tout s’est effondré.

Que s’est-il passé ?
>> Pour tout vous dire, en trois mois je me suis mariée et j’ai divorcé. Voilà ce qui s’est passé clairement en 2008 !

Était-ce avec le « Julien » du premier album ?
>> Il paraît.

Dans « Quitte-moi », vous évoquez la brutalité de la rupture. Est-ce en lien avec votre propre histoire ?
>> Même pas. Quitte-moi est arrivée à une période où je peinais à écrire. Je me suis dit : « qu’est-ce qui pourrait bien arriver si on me quittait ? ». C’était une chanson finalement assez prémonitoire (rires). Comme quoi parfois dans la vie, il suffit de demander.

« Je ne suis pas une désillusionnée de l’amour »
« Ma corde au clou » est une chanson plutôt anti-mariage. Cela veut-il dire qu’on ne vous y reprendra plus ?
>> Ça, c’est certain. Du moins pour l’instant. Mais je ne suis pas une désillusionnée de l’amour. Je suis contre le mariage jusqu’à ce qu’on me le demande. Quand il y a un homme qui vous dit « je veux vivre toute ma vie avec toi », allez refuser !

Jubilez-vous à l’idée de repartir sur les routes ?
>> Je ne fais ce métier que pour ça. Si demain je ne vendais plus un disque, je pense que je m’en remettrais. Mais si on me disait qu’on doit annuler parce que les salles sont vides, je serais très malheureuse.

PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICE DEMAILLY

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